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| Sujet: la reine des neiges. (nastallia) Lun 30 Juin - 10:47 | |
| Qu’est-ce que tu fais ici, toi ? T’es pas censée te trouver ici, tu t’es trompée de quartier ma belle. Puis pourquoi tu l’ouvres pas un peu ? T’es mannequin pas stagiaire, c’est pas ton job ça. Elle ignora les appels de son cerveau qui l’exhortait à faire demi-tour. Fallait qu’elle y aille, parce que quoiqu’on lui demandait, elle le faisait toujours la petite nasty. Même si le truc en question était de se déplacer à l’autre bout de la ville, à vingt-deux heures juste pour aller accrocher un bout de tissus dans le dressing d’une autre mannequin. Fallait qu’elle le fasse, c’est tout, même si c’était pas son job, même si elle était debout depuis quatre heure du matin, et que son estomac était en train de se digérer tout seul faute de substance.
Elle franchit le jardin, admirant la beauté nocturne de cet environnement peu commun. Elle avait longtemps hésitée entre ce foyer et celui qu’elle occupait actuellement, mais ne changerait pas d’endroit pour rien au monde. Elle ouvrit la porte sans un bruit, comme à son habitude. La maison était calme, paisible, plongée dans une obscurité presque embarrassante, tant et si bien qu’elle hésita longuement avant d’appuyer sur un interrupteur. Nastassja était un trop plein d’hésitation, de choix qui ne se font plus et d’occasions qui ne sont pas prises. Mais lorsqu’on lui mettait un pinceau entre ses deux doigts fragiles, tout ce qui faisait d’elle l’enfant adulte qu’elle était, cet étrange paradoxe qui collait à sa peau s’en allait aussitôt.
Elle gravit doucement les marches qui devaient la mener à la chambre qu’elle cherchait justement. Dans sa poche, elle se saisit d’un papier froissé à de nombreuses reprises ou figurait un nom et une adresse : Camillia Zlactov dans le seizième. Elle connaissait son nom, bien évidemment, qui ne connaissait pas le top du moment ? Camilia était connue pour plein de chose excepté sa sympathie. Son professionnalisme n’était plus à refaire, mais si vous ne faisiez pas parti de son monde, il était difficile d’avoir un sourire. Mettez-vous en travers de son chemin et les portes du paradis se refermaient aussitôt. Et depuis qu’elle était mannequin, nastassja avait la fâcheuse impression que les portes qu’on lui avait ouverte quand elle était maquilleuse, étaient maintenant sur la sellette depuis qu’elle était mannequin.
Lorsqu’elle atteint enfin son but, à savoir la chambre de la Méduse, elle toqua doucement à la porte. Personne. Ses doigts se positionnèrent sur la poignée et elle déverrouilla son antre avec facilité. Ce ne fut que lorsqu’elle attendit des bruits suspects provenant de la salle de bain, après avoir posée la robe sur le lit, qu’elle s’approcha avec le même pas silencieux et regarda par la porte entrouverte. Une blonde, la tête penchée dans la cuvette des toilettes qui vomissait, encore et encore. Nastassja n’avait jamais voulu croire à ce genre de rumeurs. Pour elle, dans son petite monde de naïveté, il était impossible qu’on puisse faire subir cela à son corps. Mais le spectacle quotidien des mannequins populaires qui s’offrait à ses yeux, venait de ternir pour la première fois l’idée candide qu’elle s’était faite de sa profession. Elle voulu reculer, mais sa main maladroite renversa un objet qui de sa chute, fit rompre le silence. Dans la salle de bain plus aucun bruit. La porte s’ouvre et pour la première fois de sa vie, nastassja se trouve nez à nez avec Camilia Zlactov. Et alors que le vert de ses yeux s’assombrit, nastassja baisse la tête résignée devant ces portes qui viennent tout juste de se refermer. Sa bouche s’ouvre, et des mots tout aussi malhabile que son geste d’il y a quelques minutes, découlent de ses lèvres :
« Je suis désolée, je venais juste vous apporter une robe et...Je n’aurais pas dû. Désolée. »
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