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Elle se déhanche, bouge doucement sur une musique qui maintenant enivre nos journées. Pourtant on s'en balance bien de la Valentina, de son escapade à Rome et de ses désirs de dolce vita, Elle vit dans nos crânes, avec son petit sourire mutin. It's wonderful, c'est comme ça. Depuis qu'on est gosse, on grandit à travers des spots publicitaires, des affiches aussi grandes que nos mères, fasciés brillant sur les immeubles parfois gris de Paris. On sifflote la musique de la dernière pub à la mode, inconsciemment pris dans l'engrenage, c'est qui ce type déjà ? Paolo Conte ? Si efficace. On rêve de liberté, de femmes modernes, du pantalon de Coco Chanel à la jupe asymétrique qu'on trouve dans n'importe quelle boutique de prêt-à-porter. Parce qu'il y a cette femme, dans notre dernier Vogue qui la porte tellement bien, et ce parfum, dieu ce parfum, si Hermès a l'air si sauvage, si libre, alors notre homme le sera aussi. Ce serait si beau, n'est-ce pas, d'être cet homme-là ? On les désire, férocement. Cet homme, cette femme. C'est l'histoire, d'une perfection calculée à la mèche près, la notre, la votre.


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 artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.

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MessageSujet: artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.    artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.  EmptyDim 22 Juin - 16:20



CAMILLIA ET ARTEMIS.

il est grand temps de rallumer les étoiles.
Il est beau. Beau comme un dieu. Beau comme un cadavre, beau comme le feu orange qui clignote dans la nuit noire, beau comme un phare, qui éclaire, qui éclaire, qui rend aveugle.  Elle le regarde et elle n’en s’en lasse pas, la princesse, de cette beauté éphémère qui perdure quand même qui éblouit. La poupée, elle ne s’y était pas préparée, à tant apprécier son visage, son sourire, cette bouffée d’air frais qu’il lui crache au visage. Elle n'a pas  voulus’attacher, elle. Mais elle n’a pas eu le choix. Elle l’a pris sous son aile, elle l’aide. Grandir, grandir, s’envoler. Jeter les déchets encombrants qui détruiront. Qui briseront tout sur leur triste passage. Elle veut l’aider, un peu. L’épauler, beaucoup. Parce qu’il l’a aidé, une fois. Parce qu’il a été là, quand il ne fallait pas. Oui, il est beau, Artemis. Beau à en crever. Il lui pète la rétine, il lui piétine les idées. Il va falloir le briser, Cam. Pour lui donner la belle vie, il va falloir lui retirer des souvenirs, des bonheurs. Il va falloir devenir petit pour finir grand. Tu le sais, n’est-ce pas ? Tu as fait ça, toi aussi. Une fois, deux. Tu as couru, tu es tombée. Tu as eu mal, très mal. Un peu, à chaque fois. La douleur, elle s’accumule. Il va devoir souffrir pour être beau. Pour être heureux. Et elle hoche la tête à ses propres pensées. C’est vrai, après tout. Elle regarde par la fenêtre les boulevards qui défilent, les voitures qui roulent vite, trop vite. Elle a décidé d’emmener son prince danser. Lui faire découvrir les soirées Dolce Vita, les danseuses sapés de Chanel et les odeurs de Lolita Lempicka. Elle veut qu’il se soûle au champagne, qu’il se drogue avec un peu de plomb dans les veines. Une goutte d’éther, on se laisserait tenter. Puis fumer, se cramer de l’intérieur. On s’en fout, après tout. Elle s’en fiche, elle. Parce qu’elle est géniale. Parce qu’elle est parfaite. Parce qu’elle ne peut pas crever, parce qu’elle a tout vu, tout vécu. Parce qu’elle a mal, mal, mal. Et que le monde autour, il s’en fout. Il arrive. Il monte dans la limousine. Le samedi soir, on fait les choses en grand. Marie lui a dit que de toute façon, quand on est milliardaire, une limousine, c’est comme une frite. Tu t’achètes ça au fast-food et en paquet de préférence. Enfant, elle aurait été indignée. Maintenant, elle acquiesce, le sourire aux lèvres. Elle pense aux frites et y’à son estomac qui se retourne. Y’a son ventre qui gronde. Tais-toi, qu’elle pense. Mais il n’écoute plus depuis longtemps, le bougre. Il en a rien à foutre de ce que la princesse dit. Sa voix un peu pompeuse, son sourire colgate. Fameux sourire colgate.
« Jolies chaussures. »
Elle hoche la tête comme seule salutation. Elle fait souvent ça, la princesse. Elle sait qu’avec Artemis, les mots sont inutiles. Elle n’a pas besoin de lui dire ce qu’il faut faire, il le lit dans ses yeux, ses yeux vidés par les excès qu’elle veut à son tour lui faire connaître. Ils sont tellement proches et tellement éloignés. Il y a des obstacles. Entre eux. Des choses qui ne devraient pas être là, elle y a veillé pourtant. Elle va les écraser, les autres. Parce qu’ici, il y Artemis et Camillia. Puis y’a les autres. Y’a Paname, l’Angleterre, la Suisse, la Russie, l’Espagne, l’Alaska et le Canada. Ils sont seuls, ensemble. Et y’a ses démons à elle, qui le ronge. Y’a toutes les merdes qu’elle aime apporter. Y’a la douleur dont elle se revêt. Mais ça ne change rien. Il y a eux, puis y’a le reste.  Y’a le paysage qui défile. Les maisons, les bâtiments délabrés, les vieux bourrés, les sdf mal-habillés. Elle regarde les ténèbres de Paname. Les conneries du bon dieu. Et elle sourit. Ce rictus léger qui s’accroche à ses lèvres quand elle se met à divaguer. Jolie poupée qui perd pied. Elle repense à avant, à maintenant, à demain. Elle pense à tout, mais surtout à rien.  Elle vit mal. Très mal. Elle mange, beaucoup. Elle dort, beaucoup aussi. Elle boit trop, elle sniffe trop, elle avale trop. L’incessante répétition d’hier. L’engrenage infernal, ça ne s’arrête jamais. Elle se tape des filles, des garçons, des gens sans importance. Elle simule un bonheur éphémère dans les bras de madame la nuit. Elle dit que ça lui suffit. Elle dit encore, la poupée, encore s’il te plaît, t’arrête pas. Mais elle ment, la princesse. Elle n’aime pas ça. Ces coups de rein dans le vent. Ces cris de jouissance qui ne viennent pas de son corps mais de son esprit. Ces spasmes qui ne sont pas dû au plaisir mais au dégoût. Et ça recommence chaque jour. L’inlassable répétition. Le lendemain, elle mange mieux, elle dort moins, elle sniffe plus, elle avale de travers, pour changer, elle ne boit plus, elle se dessèche. Elle se tape quelqu’un d’autre, elle simule plus, elle fait quelques défilés, des photos. Les photographes sont heureux. Ils aiment cette putain de mine mélancolique. Ce rictus machiavélique. Ces paillettes cachées dans ses yeux. Ce vide intersidéral dans l’océan de son regard. Et la litanie sans fin, elle ne s’arrête jamais. Elle n’a pas de but, y’a  rien devant. Projets factices, avenir éphémère. La poupée bouge la tête vers lui. Il la regarde, aussi. Il lui adresse un sourire, un joli sourire. Elle veut lui péter le visage, lui dégommer sa jolie face, le torturer, le lacérer, lui arracher ce putain de sourire qui donne envie. Envie de tout. Envie de vivre, envie de rire, envie de sourire aussi. Arrête, sa tête hurle, arrête avec ton sourire qui se propage. Ce bonheur qui se pose sur mes lèvres alors que je n’en veux pas. Elle retourne immédiatement la tête et attrape une cigarette dans son paquet, posé entre elle et lui. Elle l’amène à ses lèvres rosées, ses lèvres qui vendent du rêve, et l’allume. Elle pose son regard sur les vitrines de magasin. Les corps décharnés des pauvres travailleurs qui rentrent tout juste. Qui se poussent à bout, les uns les autres. Elle embrasse du regard la bassesse de ce monde, s’imprègne de la douleur et tire une taffe. Pour embrumer ses idées.
« Ça ne s'arrête jamais, hein? Ils veulent toujours quelque chose de toi, de nous. »
Elle l’entend et sa voix rauque entre dans sa tête. L’écho frappe la paroi de son corps. Tais-toi, elle pense. Ne parle pas, ça vaut mieux comme ça. Fais comme moi. Souris et ferme-la. Consomme, mais tais-toi. Elle ferme les yeux un instant. La poupée tire une taffe sur sa cigarette et rouvre ses deux paupières sans jamais le regarder. Elle préfère fixer l’horizon, avec ce visage fermé, cet air inaccessible. Au début, elle répond par le silence. Un silence qui hurle. Qui s’égosille, là. Qui étouffe.
____________________________________________________
Il lui adresse un sourire léger. Elle regarde son assiette, la poupée. Elle la regarde longuement, comme si elle hésitait. Et elle hésite. Le doute lui empoigne l’estomac, le retourne. Y’a son cœur qui fait boum, boum boum. Il menace de quitter sa cage thoracique, de se barrer. Vous l’auriez pas vu, dit ? En Afrique, vous dîtes ? Ah. Y’a son cœur qui se fait la malle. Y’a son esprit malade qui s’arrête. Ses doigts tremblants empoignent la fourchette, prennent une bouchée, la fourrent dans sa bouche ensanglantée. Revêtue d’un rouge à lèvres signé chanel. Elle mange. Ils ne la regardent pas, ils fixent le spectacle avec un intérêt certain. Sauf lui. Elle n’a pas senti son regard, pas encore, mais elle sait que depuis le début du repas, il ne cesse pas. La poupée, elle fascine. Belle à en crever, y’en a qu’en crève. Elle est belle comme un accident de bagnole, belle comme un feu rouge pété qui clignote vaguement, beauté diaphane, ange déchue, elle est belle comme un rayon de soleil post-apocalyptique, comme un bout d’uranium, comme un cadavre de Nagasaki. Elle est tout ce qu’il y a de plus éphémère, de plus éternel aussi, sur cette putain de terre. Elle sent qu’elle mange trop, mais elle n’arrive pas à s’en empêcher.  Y’a les aliments qui sautent dans sa bouche. Elle se ressert discrètement. Et ces bourges, ces cons, ces imbéciles, ils ne voient rien. Ils regardent la bomba latina qui se déhanche sur une chanson d’Alicia Keys. Une jolie demoiselle qui gagne sa vie à trémousser son arrière train. Putain. Sa langue tape contre son palais, elle se relève, l’air de rien.
« Je reviens. »

____________________________________________________
Elle se tourne vers lui, finalement. La princesse plonge ses grands yeux bleus dans les siens. Hypnotisant. Elle penche un peu la tête et tire finalement une autre taffe. Elle réfléchit, elle cherche ses mots. Plus de cigarette. La poupée, elle n’en peut plus. L’air est mauvais. Elle ouvre la fenêtre teintée, elle laisse le mégot virevolter, s’envoler. Y’a le cadavre qui s’effondre au sol. Il n’a pas pu s’envoler, lui. Elle cherche un autre bâtonnet de nicotine. Il n’y en a plus. Tant pis. Elle croise les jambes et regarde encore une fois le paysage. Les yeux rivés sur les lumières éblouissantes des fenêtres. Ça fait un mal de chien de se dire que derrière ces fenêtres, y’a des familles, des gens heureux, des gens pleins de rêve, des gens amoureux. Et qu’elle, elle est là, à regarder ça. A regarder ce bonheur, à vouloir l’approcher, mais s’en empêcher.
« Briser pour mieux régner, Artemis… »
Elle chuchote son prénom avec son accent mi-espagnol, mi-russe. Elle roule ses r, elle parle d’une voix douce et étrangère. Époustouflante. Elle passe sa main par la fenêtre, regarde le vent qui s’attaque à sa peau. Le froid qui mordille chaque pore de sa main.
« Ça ne s’arrête jamais, sauf si tu le décides. Ils veulent quelque chose de toi. Fais leur comprendre que sans toi, ils ne veulent rien. Sans toi, ils n’ont plus de but. Argent, renommée, succès … Sans toi, ils sont vides. A partir de cet instant crucial, ils ne pourront rien te demander sans que tu obtiennes ce que toi, tu veux. »


Dernière édition par Camillia Zlactov le Lun 23 Juin - 14:28, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.    artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.  EmptyLun 23 Juin - 1:55

il est grand temps de rallumer les étoiles
camillia ∞ artemis

Depuis l'enfance, Artemis rêve. Il rêve d'ailleurs, il rêve d'étoiles, il rêve d'amour à lui en crever le coeur. Et surtout, surtout, il rêve qu'il danse, qu'il danse entre les fils, qu'il danse et offre son dos au Destin, qu’entre chien et loup s’entame la valse entre ses souvenirs poussiéreux au staccato de son coeur. (Ici, maman a encore toute sa tête, , maman me reconnaît.) Futiles espérances d’un enfant qui voit son chateau de cartes s’écrouler mais entre ses mains, le monde se transforme à sa guise et il devient funambule avant l'heure, pantin déglingué dont on ne veut pas, plus. Puis le rythme s’accélère et la frénésie gagne ses mouvements alors qu’il s'habitue au non, il s'habitue à entendre qu'il est trop ou pas assez, toujours trop, jamais assez. Et Artemis, Artemis qui lève les yeux vers le ciel, la nuit venue, se perche sur le toit de la maison familiale et il décide, il décide de prendre plus de place, bien plus et de ne pas s’excuser. Il se relève et il dit non, non, moi j'existe. A prendre ou à laisser. Ancrant ses pieds dans la terre, il cesse de lever le regard plus haut que l’horizon et devient un carrefour. Et pendant longtemps, immolé vif par ses propres ambitions, il oublie la gravité, il oublie la fuite, puis Camillia entre dans sa vie et l'univers reprend ses droits, indolent, intransigeant face au voleur de temps et il rêve de nouveau, d’un champ à perte de vue et d’une couronne de papillons.

Assis sur les marches en pierre menant à l’appartement dans lequel il réside temporairement, Artemis n'est qu'attente, et ses pensées se tournent le plus naturellement du monde vers Camillia alors que la limousine se faufile à présent dans la circulation parisienne et il l’observe, un fin sourire aux lèvres, un sourire privé, un sourire secret que peu de gens ont eu la chance de voir tant ce dernier est rare, un sourire de contentement où se distille la paix la plus pure. La nervosité qui l’accablait quelques heures plus tôt s’évanouit et sa conscience des bruits alentours revient alors que Paris cesse de n’être qu’une vague arrière pensée. Époussetant son pantalon, conscient que si Camillia lui pardonne bien des travers, le trouver assis comme un pouilleux sur les marches risquerait d’être une fausse note impardonnable dans une danse qu’ils commencent à maitriser dorénavant, s’étant suffisamment acclimaté à l’autre pour que leurs gestes deviennent plus fluides, pour que des habitudes s’installent entre eux comme autant de codes que seuls les privilégiés connaissent. Dire qu’il est désormais l’un d’eux, dire que dorénavant même en pleine foule, les yeux de la belle blonde cherchent les siens. Il a parfois encore du mal à y croire, lorsqu’il se trouve loin d’elle et de sa présence entêtante, comme s’il s’éveillait d’un rêve particulièrement agréable mais d'un doux rêve tout de même. Secouant lentement la tête comme pour chasser ses pensées, se rappelant malheureusement trop tard qu’il risque de ruiner sa coiffure, Artemis se mordille la lèvre puis s’avance de quelques pas en voyant la limousine s’arrêter devant lui. Sans attendre le chauffeur, faisant fi des instructions qu’avait pu lui donner Camillia, sachant qu’elle lui pardonnait toujours cette offense là, Artemis, soudainement pressé de poser ses yeux sur elle, ouvre la portière et se glisse à l’intérieur dans un mouvement bien plus fluide que lors de son premier essai, qui s’était avéré non seulement ridicule mais qui avait arraché un sourire à celle que certaines mauvaises langues qualifient de glace. Le coin des lèvres tressautant légèrement pour dissimuler son envie de sourire face au souvenir, Artemis attend d’avoir refermé la portière derrière lui avant d’adresser toute son attention vers la seule occupante de l’habitacle, située désormais face à lui, ne se souvenant que trop bien qu’il a tendance à perdre pied en sa présence et qu’il serait bien capable de s’oublier, une main toujours sur la portière ouverte, s’il ne finissait pas son geste, leur faisant perdre un temps précieux et se ridiculisant une fois de plus au passage.

Silencieux, il laisse courir ses yeux sur son visage, gravant avec attention et un zeste de zèle de nouveau ses traits en tête, fustigeant parfois sa mémoire lorsque cette dernière n’a su lui rendre justice en son absence et se doit de réprimer un frisson lorsqu’il remarque Camillia faire de même. Certes, cela n’a rien de nouveau mais son regard, bon sang, son regard, lui donne l’impression fantomatique d’une caresse sur sa peau aussi sûrement que si sa main avait franchi l’espace les séparant pour courir directement sur son épiderme, laissant une marque derrière son passage, le brûlant pour les heures à venir comme pour le déclamer sien avant qu’une autre ne se décide de lui imposer un marquage bien plus physique et guère moins subtil, ce qui causerait à n’en pas douter le courroux de sa belle compagne. De nouveau sourd et aveugle au monde ne consistant pas d’eux deux, Artemis aurait pu manquer les quelques mots fendant l’air s’ils étaient venus de quelqu’un d’autre qu’elle mais la chaleur gagnant ses joues, les laissant, dieu merci, hâlées sans y apporter la moindre trace de rouge, le rappelle à l’ordre et s’il n’hoche pas la tête, il incline simplement la sienne dans sa direction, appréciant le compliment. Connaissant les mièvreries et le fiel auquel elle est sujette heure après heure, Artemis se penche légèrement en avant pour saisir une des mains de la jeune femme qu’il apporte à ses lèvres pour y déposer un chaste baiser avant de lui adresser un sourire quelque peu malicieux, espérant cette fois avoir trouvé une agréable combine pour la saluer, la sachant peu friande des embrassades. Ne souhaitant trop tenter sa chance, il relâche à regret sa main et ignore le picotement de ses lèvres, laissant son sourire reprendre ses droits sur sa bouche.
« Merci. »
Avec délice, il balaie l’intonation rauque de sa voix et espère qu’elle en fera autant, suivant leurs règles tacites, montrant qu’il a commencé à retenir ses leçons puisqu’il sait que cette sortie est l’occasion de le tester, de voir ce qu’il a retenu de ses enseignements, ce qui explique l’absence de son incessant babillage, contrairement à une occasion moins formelle. Haussant un sourcil intrigué, le jeune homme s’enfonce dans la banquette, croisant les jambes, parfait portrait d’un riche désabusé dont l’arrogance empreigne même l’atmosphère alors que sa langue court sur sa lippe, chassant le parfum de sa peau. D’un geste de la main presque dédaigneux, il désigne ce qu’elle porte du bout des doigts comme si le geste lui en coûtait déjà trop, un défi dans les yeux et une note d’humour au coin des lèvres, le parfait portrait de l’insolence.
« Jolie, ta robe. »
Une invitation à parler du créateur, des techniques, de s’épancher sur le prix, la fabrique et le retour exemplaire à son compliment. Il ne s’avise pas de commenter sur sa beauté physique, pas dans ses instants là, pas lorsque le masque glace ses expressions. Non, ici, il parle à Camillia Zlactov, pas Camillia et certainement pas Cam, montrant le portrait racé qu’elle lui insuffle pour se hisser à son niveau, se glissant dans la peau d’un autre jusqu’à ce qu’elle lui devienne aussi familière que la sienne.

Brisant momentanément le rôle en croisant son regard, il lui sourit, un sourire naturel, un sourire vrai qui diminue aussitôt d’ampleur pour ne devenir que les cendres d’un calme vestige trônant sur ses traits délicats lorsqu’elle détourne la tête. Continuant à l’observer à la dérobée, sachant qu’il en a tous les droits, il fronce légèrement le nez face à la cigarette que Camillia allume, oh il aime l’odeur sur sa peau, sur ses habits, il déteste simplement l’habitude, il déteste savoir que c’est onze minutes qui brûlent entre ses doigts. Détournant le regard à son tour, il regarde par la fenêtre, cherchant ce qu’elle peut y voir elle pour paraitre soudainement à mille années lumières de lui. Il n’y est pas, pas encore, il a beau être parfait lorsqu’il s’agit des imitations, il est loin d’être capable d’être l’instigateur, pas pour l’instant, pas encore. Songeant à la soirée à venir, la mélancolie le gagne subitement et il pose son front contre la vitre.

« Ça ne s’arrête jamais, hein? Ils veulent toujours quelque chose de toi, de nous. »

Les mots s’échappent, malgré lui, en dépit des règles, dans la sécurité de la voiture. Il n’y qu’elle et lui, il peut se permettre une faiblesse. Remarquant qu’elle a les yeux clos suite à sa tirade, il se mordille la lèvre, crispe les poings, ravalant le reste des mots qu’il voudrait tant régurgiter, conscient qu’il risque de la pousser trop loin, trop tôt. Le silence s’installe entre eux et Artemis envisage un instant pouvoir s’échapper avec ce commentaire, espérant soudainement qu'ils prétendent d'un commun accord qu’il n’a rien dit, que rien n’est venu craqueler son brillant sourire. Naïf. Puis elle lui revient, changée, un brutal rappel de la jeune femme que tout le monde évoque seulement à mi voix comme si parler d’elle à haute voix pourrait la conjurer de nulle part et il sait, il sent qu’une nouvelle leçon s’annonce. Elle ne le déçoit pas, elle ne le déçoit jamais. Il ose à peine respirer de peur de manquer ce qui va suivre, sachant reconnaitre un tournant quand il en connait un, sentant son coeur tambouriner si violemment qu’il a l’impression de se retrouver au bord d’un précipice sans savoir s’il souhaite sauter ou reculer.

« Briser pour mieux régner, Artemis… »
Les mots devraient lui glacer le sang, causer une vive rebellion en lui mais à seulement vingt deux ans, il n’a jamais rencontré quiconque qui prononce son prénom comme Camillia, comme si elle en goûtait chaque lettre, comme si elle savourait chaque nuance, comme si elle le pesait et le soupesait avant de le lâcher dans l’air. Les yeux désormais dardés sur la main de la jeune femme qui danse dans le vent, il abandonne sa pose forcée et glisse sa main dans ses cheveux, ruinant une bonne fois pour toutes sa coiffure.

« Ça ne s’arrête jamais, sauf si tu le décides. Ils veulent quelque chose de toi. Fais leur comprendre que sans toi, ils ne veulent rien. Sans toi, ils n’ont plus de but. Argent, renommée, succès … Sans toi, ils sont vides. A partir de cet instant crucial, ils ne pourront rien te demander sans que tu obtiennes ce que toi, tu veux. »
Digérant ses mots, les acceptant aussitôt comme sainte parole, Artemis frotte son arcade sourcilière, cherchant la faille dans son raisonnement, se préparant prestement à la joute verbale.
« … Ça me parait solitaire, comme train de vie. Pas pour eux, mais pour la personne qui s’érige en dieu. Quand on est déjà si haut, il n’y a plus que la chute après tout. »
La quittant des yeux, il regarde une nouvelle fois par la fenêtre, emporté par les souvenirs d’un autre temps, d’un autre lieu.

____________________________________________________

Elle est belle, belle à en mourir et Artemis est captivé par la présence qu’elle exude. Il a conscience que fixer quelqu’un aussi ouvertement qu’il le fait, est au mieux malpoli, au pire, légèrement inquiétant mais il ne la regarde pas comme si elle était une possession, il la regarde comme si elle était un puzzle dont une pièce était venue à manquer et sans laquelle le puzzle entier n’aurait aucun sens, il la regarde comme si elle détenait entre ses paumes les secrets de l’univers et qu’il brûlait d’une soif de connaissance, il la regarde comme un être humain, pas comme un morceau de viande et c’est peut-être là, la différence, la ligne qui le sépare des autres assis à leur tablée car s’il n’a d’yeux que pour elle, les autres sont intéressés par un spectacle bien plus aguicheur mais lui, lui il l’observe, il la regarde comme s’il la voyait véritablement et lorsqu’il croise son regard, s’attendant à une remontrance, elle ne dit rien, elle ne fait rien. Retournant son attention vers son plat, ayant eu l’impression que plusieurs minutes se sont écoulées pour une interaction qui n’a dû prendre en tout et pour tout que quelques secondes, il sent l’intrigue grandir en lui pour devenir un feu dévorant, puis alors qu'il la voit du coin de l’oeil se resservir, le léger sourire qu’il avait aux lèvres s’agrandit imperceptiblement puis s’efface tout aussi vite lorsqu’elle s’excuse et quitte la table. Il la regarde traverser le restaurant, jette un coup d’oeil à leur compagnons de table et se jugeant dispensable, se lève à son tour et la suit, sans même y songer à deux fois.

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Clignant brutalement des yeux, Artemis passe une main sur son visage avant de tourner des yeux légèrement troublés vers celle en qui il voue une confiance totale et absolue, tapotant la vitre de son index replié pour illustrer son propos.
« Comment? Ils sont inconsistants. Ce qu’ils veulent aujourd’hui, ils l’oublieront ou le renieront demain. Comment s’assurer qu’ils ne se lassent pas, qu’ils ne se détournent pas vers quelqu’un d’autre? Et surtout, comment s’assurer de ne pas se perdre en cours de route? »
Mais ce qu'il demande vraiment, c'est comment les faire m'aimer, comment leur donner envie de rester, de ne pas m'abandonner, de ne pas me quitter, et il se demande si Camillia saura lire entre les lignes, cette fois encore et une fois de plus, il se retrouve suspendu à ses lèvres, cherchant guidance ou absolution, qui sait.

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Dernière édition par Artemis Bloxham le Mar 24 Juin - 14:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.    artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.  EmptyLun 23 Juin - 14:26



CAMILLIA ET ARTEMIS.

il est grand temps de rallumer les étoiles.
Camillia, elle n'a jamais eu de rêve. Dès sa plus tendre enfance, elle a été frappée par ces nuits noires, ces nuits sans cauchemars, sans rêves tard le soir. Elle en a demandé, pourtant, à noël, à pâques, le jour de l'an. Mais y'avait rien. Parce que son subconscient, comme le reste, il est pourri jusqu'à la moelle. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, pourtant. Elle a pensé au prince charmant, mais elle a vite déchanté. Son père lui a dit, bien plus stricte qu'un parent de jolie nippone, tu te marieras à trente ans. Mais avant, tu travailleras. Pourquoi ne serais-tu pas secrétaire ? Tu évolueras ensuite, tu es faite pour ça. Elle a vite été dégoûtée de la vie, de par l'influence de son père. Tu as le droit de sourire mais surtout ne parle pas. Tu auras trois enfants, parce que c'est mieux ainsi. De préférence des garçons. T'en penses-tu capable ? Elle a rêvé de son travail, plus tard. Et elle s'est vue, dans ce tailleur immonde, ses cheveux blonds, ternes, relevés en un chignon strict. Elle aurait pu en faire des cauchemars, de cette image terrible, immonde. Mais rien. Elle a rêvé d'aimer, un jour. A l'aube de ses dix-sept ans. Elle aurait aimé un amour terrible, un amour dévastateur, pour se sentir vivante. Mais encore une fois, elle a abandonné l'idée. Le deuil, le manque, la perte, on ne s'en remet jamais. Et les amours, ça ne fait que de la peine. Il faut faire le deuil vivre avec ce manque, accepter la perte. Elle n'a jamais voulu aimer, la jolie Camillia. Jamais. Mais elle a bien dû se rendre à l’évidence. La femme est synonyme d’un nombre incalculable de pêché, et elle la poupée, devant ses grands yeux ambrés, elle n’a pu que tanguer. Elle aurait aimé lui décrocher la lune, arracher son cœur de sa poitrine et lui tendre comme seul présent. Parce que Camillia, au-delà de ce sourire macabre, de ce visage fermé, de cette attitude hautaine, c’est une jeune femme perdue. Elle est fragile, dans sa petite coquille vide. Et la belle Saenna, elle n’a pas eu de mal à briser ce qu’il reste. Elle a piétiné les rêves qui avaient commencé à germer dans son petit esprit fertile.
Et le noir, à nouveau.
La limousine s’arrête. Tu ne fais jamais les choses à moitié, qu’elle lui a dit, Lucy, il y longtemps. Tu te rends compte que ces habitudes te bouffent plus rapidement que des kilos de drogue ? Elle aurait aimé lui dire que la drogue, elle a déjà donné, qu’elle en prend encore mais qu’elle plane moins. Qu’elle a envie de vomir à chaque dose et que ça ne sert à rien. Elle a envie, des fois, d’hurler pour que sa sœur revienne l’aider. Abandonner ces conneries, ce monde dans lequel elle à l’impression d’être séquestrer, pour retrouver sa sœur aînée. Mais c’est inutile. Sa sœur a pris la voile, elle est partie loin. Et Camillia, elle est comme morte pour elle. Ça a fait la une des tabloïds, à un moment. Dix-sept ans, déjà affichée dans un Voici français. Les sœurs Zlactov, rien n’aurait pu les séparer. A croire que la faucheuse est une surdouée. Il entre, sans attendre le chauffeur comme elle le lui a mille fois demandé. Elle s’apprête à l’enguirlander, lui dire que le chauffeur est payé pour ça. Elle aimerait aussi le dégoûter un peu d’elle, commencer à lui dire que dieu seul sait qui a touché ses poignées, qu’il pourrait tomber malade. Mais les mots restent coincés dans sa gorge, et son regard, accroché au sien. Au bout d’une seconde, peut-être deux, elle détourne le regard. Elle n’aime pas ses yeux. Elle n’aime pas son sourire et que dire de sa voix. On dirait qu’il y a caché de l’or, de l’argent, des diamants. Elle a envie de lui arracher les cordes vocales pour qu’il cesse de parler. Est-il possible de devenir accro à une voix ? La sienne, bon dieu, la sienne est une caresse amère pour les oreilles. C’est un ouragan qui brise le silence, c’est un petit accent sexy qui sort de nulle part. Oui, Camillia, elle n’aime pas sa voix. Elle ne l’a jamais aimé. C’est pour ça qu’elle ne parle pas beaucoup, la princesse. Car sans question, il n’y a pas de réponse, et donc, pas de paroles.
Dire que la jolie princesse est possessive serait un euphémisme. Si elle ne l’a pas clairement exprimé, tout le monde sait qu’Artemis est chasse gardée. Ou disons qu’il est plutôt en plein apprentissage et que le déconcentrer sonnerait comme un appel à la mort, à un suicide social. Il ne lui en a jamais vraiment voulu, visiblement, quand elle déboule dans son appartement, pour être sûre qu’il ne se fait pas l’autre brune d’hier soir. Trop belle, trop pulpeuse pour ne pas avoir été refaçonnée. Trop serrée dans sa robe Gucci, tu m’étonnes qu’elle donne envie. Et Camillia, même si elle ne veut pas, elle en est malade, de ça. Des regards qu’on porte sur lui, dans la foule. Elle se sent  un peu moins essentielle quand elle le voit danser, là, au queen, sirotant son cocktail avec cette mine fermée. Alors des fois, elle aussi elle va danser, se déhancher sur de la mauvaise musique. Laisser ses hanches se balancer sous l’effet psychédélique de la musique environnante. Elle dépasse la foule et se pose au centre, avant d’entamer une danse légère. La fin de la musique la déchaîne, mais force est de constater qu’elle ne danse pas mal, au contraire. Quand la chanson prend fin, une autre enchaîne, plus enivrante. Plus douce, aussi. Les paroles la transpercent, elle ferme les yeux sous l’effet enivrant de la musique qui s’immisce dans ses oreilles. Elle laisse ses hanches se balancer avec une facilité déconcertante. Ses bras se relèvent et viennent, entremêlés, se poster au-dessus de sa tête qui se penche doucement, comme droguée. Elle esquisse un sourire énigmatique, rêveur, tandis que ses yeux restent fermés. Son bassin s’agite sensuellement sous l’effet irréel de la musique dont elle ignore le titre. Quelques secondes plus tard, des mains qu’elle reconnaît être celles de Carter se glissent sur ses hanches, l’accompagnant dans sa danse endiablée. Beaucoup de regard sont tournés vers eux, la routine. Et c’est comme ça à chaque fois. Pendant quelques demi-heures, elle en oublie son apprenti qui danse collé-serré contre la jolie Valentina, et des, fois il danse avec cette dinde de Lola. Mais qui est-elle pour lui dire, non, dégage, recule-toi. T’es à moi, tu ne danseras pas. Parce qu’elle, elle ne danse jamais avec lui. Parce que le moindre contact l’irradie. Il attrape sa main et l’apporte à ses lèvres. Rien de plus, rien de moins. Il relâche ses doigts et fait un sourire léger. Elle, elle le regarde durement. Jolie princesse de plomb enfermée dans une cage d’argent, dans un monde oppressant, étouffant.   Elle sent sa main qui lui brûle, elle a l’impression de l’avoir mise au feu. Elle le fusille de regard, l’air de dire, m’approche pas, tu ne comprends pas. On avait convenu qu’on ne se touchait pas. J’ai convenu ça. Tu crois quoi ? Tu penses que je te laisserais faire ça à toutes les donzelles ce soir ? Ne rêve pas. Tu te contentes d’hocher la tête, ça suffira.
« Merci. Jolie, ta robe.»
Les mots flottent dans l’air. Elle ne répond pas, détournant purement et simplement son regard céruléen vers l’extérieur, plongée dans ses pensées. Elle sait exactement quelle robe elle porte. Jolie petite robe italienne blanche Gucci, en soie, avec broderie de perle, effet chaîne, au niveau des épaules et de sa gorge, un candy simple et élégant, sexy mais pas osé. Pas de décolleté, mais plutôt courte, accompagnée de ses bottes, Gucci ne changeons rien, en cuir noir, qui remontent jusqu’à ses genoux. Tenue pour la maudite somme de 3550 euros. Elle sait aussi qu’elle a ses cheveux qui volent sur ses épaules, qu’elle est très peu maquillée, qu’elle est jolie dans sa robe Gucci, et qu’elle se dégoûte, là, dans sa misérable tenue qui la grossit encore. Elle n’ose même pas porter un regard à la tenue de son compagnon, de peur de le voir mal habillé, ou pire, diablement bien sapé.
Elle tourne finalement les yeux. Vers lui. La poupée n’a pas changé, de glace, de pierre, quelque peu austère. Elle n’y peut rien, si elle a vu son sourire se faner au rythme des hivers. Trois flocons de neige et ils se barrent, la laissant seule devant son miroir. Elle le regarde un instant, au fond de ses beaux yeux qu’elle hait, qu’elle hait tellement fort. La princesse détourne finalement le regard, dégoûtée de l’attraction qu’il exerce. Elle s’éloigne, loin, elle vogue vers d’autres horizons, l’air mélancolique. Putain de regard qui s’en va, instant fugace que les photographes s’arrachent. On ne s’y fait jamais, à cette vie de débauche infinie. Tu as beau te dire que c’est jamais fini, que c’est ce que rêve des milliers de gens, tu as beau te dire que tu as tout l’or du monde, tout le bonheur possible, tu t’en fiches. Elle s’en fiche. Parce que l’or ne donne pas la vie. Et la vie, elle se barre, elle s’enfuit. Elle ne laisse que quelques vestiges, flous, et c’est bien tout.
« Ça ne s’arrête jamais, hein? Ils veulent toujours quelque chose de toi, de nous. »
Ce soir, ils rejoignent Tracan, alias Tracy Cansispoval, jolie mannequin belge, accompagnée de son agent, Carter, et quelques personnes de la haute. Du genre à sniffer à l’aide de billet de cinquante. Tous au Queen, entouré de langues de vipère, Artemis n’a le droit à aucun faux pas. Tu veux boire ? D’accord, avec modération. Soûle-toi dans l’arrière salle qui nous est réservée. Tu veux un peu de drogue, arrière salle, chéri. Tu veux vomir parce que trop bu ? Troisième à droite, ne te fais pas suivre.
Elle tire une dernière fois sur sa cigarette et ouvre la fenêtre tout en laissant le vent lui caresser le visage. Elle sent ses paupières se fermer, ses membres se tendre, sa mâchoire se crisper, elle sait qu’il veut une réponse claire et précise. Une leçon. S’il savait combien de fois, elle, la princesse oubliée, elle a posé cette question dans le vent. Le silence répond à Artemis. Un long silence qui étouffe. Qui hurle la réponse. Ne l’entend-t-il pas ? Elle rouvre les yeux, rapidement. Elle a trouvé. Simple, clair, précis. Il ne va pas être déçu, elle le sait.
« Briser pour mieux régner, Artemis… »
Son prénom lui a échappé. Léger. Il vole entre eux deux. Elle aime le murmure, la princesse. Elle aime lui chuchoter au creux de l’oreille. Le premier défilé auquel ils ont assisté en tant que spectateur, pour qu’elle lui montre la démarche, parce qu’il a ça dans le sang, mais parce qu’il n’a pas confiance en lui. Elle s’est penchée à son oreille et lui a murmure quelques mots. Personne d’autre n’aurait pu entendre les mots. Elle a chuchoté son prénom pour la première fois. Comme si elle le testait. Il n‘y a jamais eu autant de tension entre eux.
« Ça ne s’arrête jamais, sauf si tu le décides. Ils veulent quelque chose de toi. Fais leur comprendre que sans toi, ils ne veulent rien. Sans toi, ils n’ont plus de but. Argent, renommée, succès … Sans toi, ils sont vides. A partir de cet instant crucial, ils ne pourront rien te demander sans que tu obtiennes ce que toi, tu veux. »
Elle regarde sa main qui vole avec la voiture. Elle regarde ses doigts, son poignet, qui joue avec le vent, sans raison. Elle apprécie l’instant, doucement, l’air perdu dans les limbes de son esprit. Pourtant, elle n’a jamais tant été pendue à ses lèvres, excitée à l’idée de voir le résonnement nouveau de son petit prodige.  Elle l’embrasse du regard, le dévore de ses grands yeux bleus.
« … Ça me parait solitaire, comme train de vie. Pas pour eux, mais pour la personne qui s’érige en dieu. Quand on est déjà si haut, il n’y a plus que la chute après tout. […] Comment? Ils sont inconsistants. Ce qu’ils veulent aujourd’hui, ils l’oublieront ou le renieront demain. Comment s’assurer qu’ils ne se lassent pas, qu’ils ne se détournent pas vers quelqu’un d’autre? Et surtout, comment s’assurer de ne pas se perdre en cours de route? »
Elle esquisse un sourire amusé, refermant la fenêtre avant d’attraper sa pochette blanche, regardant le paysage qui s’arrête de courir. Elle se redresse, passe une main dans ses longs cheveux blonds, fait mine de regarder ses ongles, et répond à sa seconde question.
« Deviens irremplaçable. Tu es tout un tas de chose, beau, amusant, intelligent... Mais tu n’es pas unique, pas encore. Sois ce que les autres seront incapables d’être. Tu n’as pas besoin d’artifices. Ils t’aimeront, quoi qu’il arrive, le tout, c'est d'être une perle rare, et ce, pendant longtemps. »
Les compliments sortent difficilement de ses lèvres, c'est un fait. Elle les chuchote, parce qu'elle sait qu'elle s'engouffre dans une piste bien différente. Elle attend que le chauffeur lui ouvre la portière avant qu’elle ne sorte, hautaine, le visage fermé, inaccessible. Elle tend sa main sur sa droite, avant qu’un léger sourire malicieux, qu’elle lui réserve, ne se glisse sur son visage féminin. Il attrape ses doigts, glisse sa main dans la sienne, et c’est à son oreille que la poupée chuchote, réponse à sa première question :
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Elle aime le regard qui glisse sur son visage de petite fille, elle aime l’impression d’être autre chose que la fille sur le papier, la top model au corps svelte, la princesse à la vie facile. Elle aime cet instant éphémère ou leurs deux regards se croisent. Mais la poupée, elle a aperçu ce repas, elle a vu la nourriture à profusion. Elle a vu qu’ils sont occupés par la miss Prada. Elle ne fait plus attention à lui. Elle attrape une assiette, puis deux. Elle le voit du coin de l’œil, elle regarde ses lèvres qui s’étirent en un joli sourire. Et c’est pire qu’une bombe. Il se moque. Il se rit de cet estomac qui n’est jamais rempli. Elle a l’estomac au bord des lèvres. Elle entend le mot gramme qui résonne dans son esprit. C’est trop, trop, trop. Elle vit des excès de la vie. Toujours.
« Je reviens. »
Les mots lui brûlent les lèvres. Ils coupent sa bouche, ils font des entailles, des cicatrices. Elle se relève, presque maladroite, l’estomac qui se retourne dans son ventre. Elle chancèle, avance, prie pour ne pas s’effondrer lâchement là, au milieu du restaurant. Elle déglutit et continue d’avancer, elle tangue, elle oscille jusqu’aux toilettes vides. Ses paumes se posent d’elles-mêmes sur le lavabo. Elle examine son reflet dans le miroir et elle ne se fait pas sensation. Elle se trouve laide, la poupée. Horrible. Elle grimace et se passe de l’eau sur le visage. Elle retarde la sentence mais elle sait ce qu’elle a à faire. Quand la porte commence à s’ouvrir, elle s’élance dans une cabine vide, sans même fermer la porte. Deux doigts dans la gorge, délivrance, elle vomit sa vie. Elle dit au revoir à ses soucis. Et même comme ça, en piètre état, elle est jolie la poupée. Torturée, brisée, fragile. On a qu’une envie, la protéger. Du monde, certes, mais avant tout d’elle-même.

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« Si tu as peur de chuter, apprends à voler. »
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MessageSujet: Re: artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.    artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.  EmptyMer 25 Juin - 21:33

il est grand temps de rallumer les étoiles
camillia ∞ artemis

Artemis, Eve lui avait dit, un soir, le plus sérieusement du monde, alors qu'ils décuvaient tous les deux, allongés dans le lit de Pippa, tu ressembles à un dieu grec. Il avait ri tellement fort qu'il avait été secoué de hoquets incontrôlables par la suite, tentant d'étouffer le bruit en plaquant sa main contre sa bouche, puisque Pippa dormait d'ores et déjà et qu'il ne souhaitait pas la réveiller de peur de s'attirer ses foudres. Eve l'avait frappé avant de rire doucement, elle aussi, et au petit matin, le commentaire avait été oublié dans un recoin de son esprit, jusqu'au jour, où, assistant en compagnie de Camillia à un défilé pour qu'il s'imprègne de l'ambiance, pour qu'il observe ce qui serait attendu de lui, elle s'était penchée vers lui et avait murmuré son prénom pour la première fois et Artemis, figé par sa proximité, terrassé en seulement sept lettres soufflées contre son oreille, s'était brutalement rappelé du commentaire d'Eve, rappelés que pour certains (certaines), son physique semblait ciselé dans le marbre et que seul son sourire radiant trahissait l'humanité perdurant en lui, parce que c'était ça, qu'il entendait à chaque fois que Camillia prononçait son prénom, la promesse de divinité pour celui qui oserait saisir l'occasion. Il avait glissé ses mains de part et d'autre de sa chaise, lentement, comme si le geste était délibéré pour en saisir chaque extrémité jusqu'à ce que les jointures blanchissent pour s'éviter un geste malencontreux comme tourner le visage pour que leurs lèvres ne s'effleurent enfin. Peu importe l'intérêt que la top lui montrait, elle était inaccessible, tout du moins pour l'instant et un faux pas trop tôt, lui coûterait beaucoup plus cher que la réalisation d'un aussi simple fantasme alors il s'était contenté de s'asseoir là, près d'elle, le corps tendu, hyper conscient du moindre de ses gestes tant la tension entre eux était palpable.
Et c'était ce souvenir là, qu'il avait eu à l'esprit lorsque Camillia l'avait invité à se joindre à elle pour la soirée au Queen. Une fois n'est pas coutume, il s'était alors enfermé dans sa chambre, assis en tailleur sur son lit, son macbook allumé, une fenêtre youtube pour seule compagnie et avait passé les vingt prochaines minutes à regarder encore et encore la même vidéo, la tête enfouie entre ses mains, les coudes sur ses genoux avant d'admettre défaite. Il avait saisi son téléphone pour s'avouer vaincu, acceptant l'offre que Myrrha lui avait faite et qu'il avait jusqu'à présent toujours refusée, et il avait attendu avec impatience la réponse (positive, évidemment). Repoussant son portable d'une main, il s'était alors levé et il était parti se doucher en vitesse puisque les prochaines heures allaient être cruciales, étant donné qu'il allait devoir faire un sacré aller-retour, en plus du temps nécessaire pour se préparer.

Et c'est ainsi qu'il s'est retrouvé, face à Camillia, lui, d'ordinaire conventionnel dans ses goûts vestimentaires, à offrir aux sens de la demoiselle qui lui offrait les clefs du paradis, une véritable vision moderne d'Ares mais les vêtements ne sont rien que des artifices sans saveur si l'attitude est fausse ou forcée et le jeune homme, bien qu'ayant envie de changement, de flirter avec ses propres limites, ne semble pas tout à fait encore là. Et puis Camillia lui offre, miraculeusement les mots exacts, les mots qui font mouche, sans même paraitre s'en apercevoir.

« Deviens irremplaçable. Tu es tout un tas de chose, beau, amusant, intelligent... Mais tu n’es pas unique, pas encore. Sois ce que les autres seront incapables d’être. Tu n’as pas besoin d’artifices. Ils t’aimeront, quoi qu’il arrive, le tout, c'est d'être une perle rare, et ce, pendant longtemps. »

Beau.
Amusant.
Intelligent.

Les compliments glissent des lèvres de Camillia et venant de quelqu'un d'autre qu'elle, Artemis les aurait balayés d'un revers de la main, esquissant un demi sourire, prétendant les accepter alors qu'il ne les a jamais vraiment cru mais venant d'elle, venant d'elle, le jeune homme a le souffle court. Le fait qu'elle les ait chuchotés, comme si elle partageait un secret, comme si les parler à haute voix leur donnerait trop de poids, ne fait que l'étourdir un peu plus. Elle, celle que tous désirent, qu'il s'agisse d'être à sa place ou de l'avoir dans son lit, elle, elle le trouve beau. Quatre lettres insignifiantes mais qui mises bout à bout hantent sa psyché, lui, qui au final, avait fini par croire qu'il était toujours trop ou pas assez et dont la floppée de flirt insignifiants avant fini par le convaincre qu'il n'était toujours qu'un remplacement, qu'un stand-in pour une meilleure offre et il avait fini par l'accepter comme en témoignaient ses frasques avec Franny mais Camillia, Camillia la perfectionniste, celle qui ne désire que le meilleur parce qu'elle ne s'estime pas digne de moins que cela, elle a véritablement foi en lui. Il ne s'agit pas d'un caprice mais bel et bien une main tendue qu'elle lui offre, misant sur lui. Ses mots résonnent à l'infini dans son esprit, jusqu'à devenir une longue litanie. Et les siens, s'échappent avant qu'il n'ait le temps de les retenir, la voix un peu trop rauque, nouée par l'émotion.
« Tu le penses vraiment »
Il ne s'agit pas d'une question, c'est un constat, c'est son besoin de marquer l'instant en reconnaissant qu'il s'était fourvoyé et en beauté. Il se croyait oeuvre caritative mais il aurait tôt fait de comprendre qu'elle ne se serait jamais encombrée de sa présence si elle le prenait en pitié. Non, il est là, dans sa limousine, admis dans son cercle très select parce qu'elle voit en lui quelque chose de spécial et sous les pieds d'Artemis, le sol se dérobe. Toutefois, il n'a pas le temps de tergiverser plus longtemps car la limousine s'arrête déjà. Un instant plus tard, c'est la portière qui s'ouvre de l'extérieur, l'intervention du chauffeur à n'en pas douter, et Camillia sort la première, avant de tendre la main sur sa droite. Elle lui tend la main, dans l'espoir (ou une certitude inébranlable) qu'il la prenne. Elle ne le touche que rarement, il le sait et cette invitation est une déclaration d'intention.
Artemis prend une grande goulée d'air et, en quittant l'habitacle assombri, intime, de la limousine, pour faire un pas vers la lumière, vers Camillia, il se débarrasse d'un même mouvement du rôle dans lequel il s'était réfugié, puis sa main glisse le long du bras de la jeune femme pour trouver la sienne et il entremêle leurs doigts, acceptant enfin véritablement son offre et lui vouant de ce fait un dévouement égal. Ce n'est pas un jeu pour elle, il ne peut pas continuer à prétendre que c'en est un, pas lorsqu'il sait maintenant, ce qu'elle fait pour lui.  
« Si tu as peur de chuter, apprends à voler. »
Voler. Il ignore un instant le fait que les lèvres de la jeune femme sont si proches de son oreille et il songe à sa mère, allongée dans un lit d'hôpital, des milliers de kilomètres de là, à sa mère, dont la folie la ronge heure après heure parce qu'un beau jour, son organisme s'était rebellé et il songe qu'il est fort probable qu'un sort pareil l'attende, que la chute est inévitable mais que seules les actions qu'il entreprend entre temps auront de l'importance. Il s'imagine un instant dans ce lit, sachant que toutes les fonctions de son organisme s'arrêtent tour à tour, que la trahison finale est la plus intime qui soit et il frissonne. Il songe à sa dernière représentation, celle du lac des cygnes, il pense à Odette et respire un grand coup, avant d'adresser à Camillia un sourire en coin, tournant très légèrement la tête vers elle avant de l'incliner en direction de l'entrée du Queen. Okay. Okay.
« Shall we ? »
Le sourire béat est loin, remplacé par un sourire en coin qu'il sait être dévastateur si les premiers regards qu'il croise en sont la preuve. L'égo enfle à vue d'oeil. Il est là avec la demoiselle la plus en vogue du moment, son parfait contraste, pire, son égal alors Artemis se concentre sur la chaleur de sa main dans la sienne, jusqu'à ne sentir plus que ça, jusqu'à n'accorder d'importance qu'à celle qui l'a choisi lui. Alors c'est à peine s'il remarque les murmures, les coups de coudes, les flashes qui suivent leur avancée alors qu'ils ignorent royalement la file, celle pour les wannabe pour se diriger directement vers un des videurs qui jette un bref coup d'oeil à Camillia, puis à son compagnon, avant de les laisser rentrer.
Une fois à l'intérieur, direction le carré vip, évidemment, Camillia n'accepterait rien de moins et ils retrouvent déjà Tracy, Carter, Lola et tant d'autres dont Artemis se souvient à peine, même Valentina est là, avec un petit groupe autour d'elle, tous espacés à diverses tables. Ils ont à peine le temps de s'asseoir que déjà, les formalités commencent et les enchères montent vite, les ragots fusent évidemment, un tel s'est tapé une telle, l'autre est tombé en disgrâce, tu sais pas le dernier scandale impliquant machin? Arte, lui, il aime parler, non il adore parler mais les potins dits derrière le dos des "copains", il ne croit pas pouvoir s'y habituer, non jamais, alors il se contente de se presser légèrement contre Cam, portant la flute de champagne qu'on lui tend à ses lèvres et se laisse bercer un moment. Ca ne durera pas, ça ne peut pas durer mais pourtant, ça lui suffit. Pour l'instant.

____________________________________________________
Il ne devrait pas être là. C'est le récit de sa vie, ses plus belles conneries et ses plus beaux moments se sont toujours déroulés parce qu'il était là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Artemis a toujours suivi son instinct, où qu'il le mène, et ce soir là, ça implique de pénétrer dans le saint des saints : les toilettes de la gente féminine. La main sur la poignée, il pousse le battant, le tout en espérant fortement ne pas se prendre un sac à main en pleine tête, remarquant en un regard que la salle est vide si ce n'était pour la silhouette de la demoiselle (un mannequin, si ses souvenirs sont bons) qui se précipite dans une cabine. Il s'est avancé, suffisamment rapidement pour voir la main portée à ses lèvres et sans réfléchir, l'esprit passé en mode automatique, Artemis entre après elle pour se laisser tomber à genoux à ses côtés, ramenant les cheveux blonds de la jeune femme en une queue de cheval qu'il tient d'une main afin de lui éviter d'avoir des... ennuis si ces derniers se retrouvent devant son visage, l'autre main effectuant de lents cercles contre son dos, humant une vielle mélodie dont le temps a momentanément effacé les paroles de sa mémoire.

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Son portable vibre dans sa poche, Artemis y jette un coup d'oeil rapide, ne pouvant se résoudre à l'ignorer dans la mesure où il pourrait s'agir d'Eve ou de Pippa réclamant son aide mais non, il s'agit de Lola, qui... merde. Les premiers mots à peine affichés sur l'écran, Artemis éteint ce dernier avant de repousser le dit portable dans sa poche. Il n'arrive pas à croire qu'elle s'essaie à le sexter quand Camillia est juste à côté de lui. Déglutissant difficilement, il tourne légèrement la tête vers la blonde qui l'accompagne pour croiser son regard. Fml.
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MessageSujet: Re: artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.    artemillia ☇ il est grand temps de rallumer les étoiles.  EmptySam 28 Juin - 12:46



CAMILLIA ET ARTEMIS.

il est grand temps de rallumer les étoiles.
La mère de Camillia lui a toujours enseigné que la vérité vaut mieux que le mensonge. Que l’omission ne vaut aucun aveu et qu’une faute est toujours à moitié pardonnée si l’on n’oublie pas de la confesser. Ainsi, Camillia a passé son enfance sans mentir, préférant largement la belle, la grande, la majestueuse vérité. Son crédo s’est longtemps apparentée à un « dis la vérité, tu en seras récompensé. » et pendant un laps de temps plus ou moins large, elle a gardé cette valeur comme la plus chère à son cœur. Mais la poupée a bien grandi, elle a un peu trop vu de poudre blanche, qui a trop servi comme anesthésiant. Arrête de ressentir, elle s’est dit trop de fois. Arrête, maintenant. Souffle un bon coup, vas-y, puis prends une autre dose. Et elle a commencé à mentir. Je vais bien, je vous assure. C’est rien, si je saigne du nez. Et puis, ça ne s’est pas arrêté. Non, je ne me fais pas vomir. Les marques sur mes doigts ? C’est juste parce que je me fais mal, des fois, en tombant. Je ne suis pas très adroite. Et puis, ça n’en finit jamais. Elle ment comme elle respire. Elle étouffe.
« Deviens irremplaçable. Tu es tout un tas de chose, beau, amusant, intelligent... Mais tu n’es pas unique, pas encore. Sois ce que les autres seront incapables d’être. Tu n’as pas besoin d’artifices. Ils t’aimeront, quoi qu’il arrive, le tout, c'est d'être une perle rare, et ce, pendant longtemps. »
Les compliments sont sortis sans quel ne puisse les retenir, sans qu’elle n’arrive à les stopper. Elle aurait aimé les tenir en laisse, les garder en bouche, les cacher, ne jamais en voir la couleur, mais son esprit en décide visiblement autrement. C’est en soupirant qu’elle tourne la tête, loin de lui. Elle s’échappe, elle court, elle s’en va. Extérieurement, elle ne bouge pas, intérieurement, elle le fuit. Dégage, elle veut lui dire, sors, sors de ma tête. T’as pas le droit. Je t’aide et tu m’enfonces. Ce n’était pas ça, le marché. Dégage, dégage. Artémis, sors de ma tête, maintenant ! Et dans son esprit, elle court toujours. Elle repense à sa mère, elle repense à sa sœur, elle repense à son père, elle repense aux bonbons qu’elle a mangé trop de fois. Elle pense à sa petite main qui s’est glissée tant de fois dans celle de son paternel. Elle s’éloigne de lui, encore et toujours. Et bientôt, elle est à des années lumières de son corps, de cette limousine, de sa voix affreusement charmeuse, de son odeur enivrante ...
« Tu le penses vraiment »
L’affirmation, la voix rauque, le flot de sensations, d’émotions, qui se cache dans ces mots. Elle attend, un instant, et heureusement, la portière s’ouvre, lui permettant enfin de respirer. Encore un peu, et elle ne répondait plus de ses actes. Elle inspire doucement et sort de l’habitacle avant de tendre la main à sa droite. Un fin sourire germe sur ses lèvres, sourire prévu pour l’occasion. Elle attend un peu avant de sentir sa main rejoindre la sienne, ses doigts s’emmêlant aux siens. Et elle a bien envie de se faire réagir, de s’hurler dessus. Tu fous quoi, Cam ? Tu penses que tu pourras le tenir comme ça toute la soirée, pour qu’il ne t’échappe pas ? Tu crois vraiment qu’il va rester bien sagement à côté de toi alors que tu refuses catégoriquement de le toucher. Alors que chaque soir, tu t’enfuis dans les bras d’un autre parce que tu n’es même pas capable de rester sagement assise contre lui, tu n’es même pas foutue de tenir quelques verres sans faire une connerie. T’as pas honte ? Tu devrais.
« Shall we ? »
Elle serre sa main comme seule réponse et commence à avancer sous le murmure assourdissant qui provient de la queue. Elle en entend des bouts de paroles, tous plus faux les uns que les autres. Camillia se serait-elle enfin casée ? Il est tout de même plus jeune de quelques années ? Son toy boy, peut-être. Et ça continue, suivi de flash, suivi de coups de coude, suivi d’exclamation, suivi d’un autre brouhaha. Elle ne les regarde même pas et sert la main à Artemis pour lui souffler calmement de faire de même. Elle pense à relâcher sa main, à un instant, mais l’envie n’y est pas. Pour cela, elle doit oublier qu’elle se sent mieux quand ses doigts sont emmêlés aux siens. Elle doit oublier qu’elle a la légère impression de monter, monter, monter et que le lâcher reviendrait à se jeter du vingtième étage. Elle doit oublier qu’il ne la lâche pas, lui. Elle doit oublier qu’elle aime ce contact, qu’elle ne le stopperait pour rien au monde. Elle doit oublier qu’elle est lâche, tellement lâche … Incapable, donc, elle serre ses doigts entre les siens, quitte à lui péter la main, et entre dans la boîte sans même jeter un regard au videur qui ne dit rien.
Bientôt, ils sont tous attablés, discutant de tout et de rien. Comme toujours, Camillia n’écoute pas, regardant devant elle, fixant le vide. Comme d’habitude, Artemis n’y prend pas part, et exceptionnellement, il se presse légèrement contre Camillia qui voit un fol espoir de pouvoir se décaler, de s’échapper, de l’éviter, mais le voit aussi s’évanouir net. Fichue volonté de merde. Un instant plus tard, elle voit une lumière vive s’allumer non loin d’elle. Lola. Son téléphone devant elle, elle esquisse un fichu sourire. Camillia, elle le connaît. Elle fait ça tous les soirs. Hier, Artemis n’a pas eu le plaisir d’être là. Hier, elle a admiré Carter recevoir un sms de Lola. Elle a vu ses joues se teinter, son sourire s’élargir, et ses pas le conduire vers les toilettes, rapidement suivi de la jolie demoiselle en suivant. Salope fut le seul mot qui passa la barrière de ses lèvres, ce soir-là. Rapidement, elle balaye la salle du regard pour voir l’heureux élu. Rapidement, une petite lumière apparaît et s’éteint rapidement juste à côté … Comme par hasard. Elle déglutit, se retient de se relever et de lui demander pourquoi elle ne se fait pas payer pour ses si bons services. Sa main lâche celle d’Artemis. Elle a un mouvement de recul. Elle est toujours de marbre mais elle se décolle de lui. L’idée que d’autres y aient eu le droit lui retourne l’estomac, et comme la fameuse histoire des poignées, elle ne touche rien si elle ne sait pas qui y a posé ses sales doigts. Elle le regarde, il la regarde, ils se regardent. Lentement, mais surement, elle se relève, et tout en se maudissant pour cette jalousie maladive, elle regarde Artemis et non sans difficulté, elle lui tend une nouvelle fois la main. Il faut faire comprendre à Lola qu’il est à elle, rien qu’à elle et que personne d’autre n’y touchera sans se brûler les doigts. Elle attend, il ne doit pas comprendre. Elle-même ne sait pas. Depuis quand t’es jalouse, comme ça ? Depuis quand t’es obligée de coller ton corps à celui d’Artemis pour dire qu’il est à toi ? Et elle a envie de se répondre, depuis qu’il s’échappe. Depuis qu’il monte vers le sommet et que les opportunistes, les jolies valentinas, les coco rochas en puissance ramènent leurs jolies fesses et brisent le tableau idyllique. Depuis qu’il y a des Franny, des Lola. Depuis qu’elle n’est plus la seule. Elle sent encore sa main se coller à la sienne et sans trop d’effort de sa part, elle mime de l’aider à se relever avant de se diriger vers la piste de danse. Elle entend le début d’une nouvelle mélodie, et sans réfléchir plus intensément, elle serre la main d’Artemis, se place devant lui et commence à se déhancher, à sourire comme une gamine les yeux fermés sous l’effet enivrant de la musique trop forte. Elle sent rapidement Artemis reprendre conscience de la situation et s’approcher d’elle. Sans mal, elle glisse son enveloppe charnelle contre son corps sculpté dans le marbre.
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Elle sent une main se glisser dans sa chevelure, attraper ses cheveux, les remonter pendant qu’elle rend son repas. Elle sent la seconde main caresser son dos et c’est les deux paumes de ses mains sur la cuvette qu’elle réapprend à respirer. La première chose qu’elle murmure, les larmes aux yeux en fixant ses doigts pleins de petites marques de dent, c’est dégage. Il n’a pas l’air de comprendre. Elle recommence. Dégage, elle dit. Sors, maintenant. Et elle continue, à le murmurer, à le dire, à l’hurler. Dégage, laisse-moi. Tu ne devrais pas être là. Je ne sais même pas qui t’es. Elle ne le regarde pourtant pas, tentant vainement de s’essuyer les lèvres. Elle a la tête qui tourne et elle devient livide au fur et à mesure de sa réflexion. Il sait. Il va tout raconter. Elle va retomber au sol. Elle va s’effondrer. Et Camillia, aussi forte soit-elle, ne supportera pas un retour sur terre. Elle tourne les yeux vers lui, et elle n’est plus que terreur. Elle a peur. Pour la première fois depuis son ascension. Elle a peur parce qu’elle n’a plus rien, et il a tout pour la briser, elle, la détestable Camactov. Elle déglutit, et murmure un s’il te plait qu’il n’a pas dû entendre.
___________________________________________

Camillia repense à ce que lui a dit Eve, à ce que lui a dit sa sœur, à ce qu’elles ont toutes essayé de lui faire comprendre. Tu lui fais du mal. Tu brises tout sur ton passage. T’es trop belle, t’es trop maligne, t’arrives pas à vivre avec ça. Alors tu te fais du mal. Mais tu te rends compte que t’aimes pas souffrir toute seule, alors t’en emmènes avec toi. Ils vont en crever, si tu continues comme ça. Toi aussi, t’y survivras pas. C’est pas sain de faire ça chaque soir, tu sais que ça bousille le cerveau, ces conneries ? Tu le sais. Alors pourquoi tu continues ? Laisse-les partir, c’est pas leur faute si t’es horrible. C’est pas la faute à Artemis, si tu n’arrives pas à le laisser. C’est pas sa faute, si tu n’arrives plus à t’en détacher. C’est pas leur faute si t’as pas de pitié. C’est pathétique. Et elle se souvient aussi de sa sœur. Cam, tu sais ce que maman m’a dit quand elle était malade ? Tu peux appeler ma petite fille chérie ? J’aimerais la revoir. Mais je lui ai dit non, maman, non. Ta petite fille chérie, elle n’existe plus. Cam, c’est une droguée, une imbécile, une top à qui on a fait un lavage de cerveau. Je lui ai dit que tu ne viendrais jamais la voir, que tu refusais de le faire. Camillia, elle lui a répondu qu’elle ne savait pas, qu’elle serait venue, qu’elle l’aimait, qu’elle aurait aimé pouvoir lui dire au revoir, que c’était sa mère, putain, qu’elle avait le droit de lui dire au revoir. Mais Lucia lui a répondu du tac au tac, rêve pas, chérie. Tu n’es pas venu la voir pendant quatre ans. Tu croyais vraiment que j’allais te prévenir ? Elle serait partie avec un bon souvenir, et t’en avais pas le droit. Tu crois qu’elle aurait aimé voir sa fille arriver, sa petite chérie qui a de l’héroïne dans le sang et du cannabis dans les poches ? Elle n’aurait pas voulu te voir comme ça. D’ailleurs, personne ne veut plus te voir. Papa a dit que s’il te voyait, il te tuerait pour l’affront que tu as fait à la famille. T’es fière j’espère.
Dernier souvenir.
Mais la jolie Camillia, elle ne se laisse pas démonter par le flot de souvenir qui remonte jusqu’à elle. Elle sait qu’Artemis ne la laissera pas. Il aurait pu le faire, dans ce restaurant, il aurait pu la détruire, ou juste ne rien faire, mais il a glissé ses doigts dans ses cheveux et il l’a aidé. Aidé. Alors non, Artemis ne la laissera pas. Et elle, elle fera tout son possible pour lui offrir le sommet. Elle se déhanche, la jolie blonde, au rythme de la musique. Elle laisse son corps se coller au sien, se décoller, se frotter légèrement, repartir, tourner comme une gamine en riant, glisser sa tête dans son cou quand la musique devient un peu plus douce, puis sauter à pieds joints quand elle reprend sa course effrénée. Elle glisse ses mains autour de son cou et caresse doucement sa nuque quand la musique se termine, pour laisser place à une seconde, tandis que Camillia regarde Artemis.
« Alors ? Je ne t’ai pas trop écrasé les pieds ? »
Elle murmure à son oreille, un léger sourire aux lèvres. Camillia, méconnaissable.

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