j'étais jeune, j'avais tout juste dix-sept ans, on m'a interpellé alors que j'accompagnais une amie au théâtre. j'habitais encore chez mes parents à Londres. je me souviens qu'on m'ait demandé mon âge puis s'il était possible que je me rende le lendemain à une certaine adresse pour m'a-t-on dit : prendre quelques shoot. je crois que tout seul jamais j'aurais répondu présent à ce rendez-vous matinal du lendemain mais mon amie m'y a forcé, elle y avait déjà vu une grande opportunité d'avenir me concernant. elle ne s'était pas trompée, après une bonne demie heure à essayer de poser devant un objectif on me libéra et on me rappela quelques semaines plus tard pour me fixer de nouveaux rendez-vous. apparemment je plaisais, apparemment j'avais mes chances de devenir mannequin. j'ai passé le baccalauréat la même année puis je me suis laissée emporter dans ce milieu, milieu qui s'opposait radicalement au mien et pourtant j'y ai trouvé un certain intérêt. je continue de jouer avec les projecteurs, je réalise que bizarrement ce travail ne me demande pas trop d'effort, je ne sais pas quand cela s'arrêtera mais je reste réaliste je sais qu'un jour on me jettera comme tous les autres, le jour où je serais trop vieux, trop gros, trop cher. de nouveaux jeunes seront sur le marché, mais aujourd'hui, c'est moi qu'on veut, c'est ma gueule qu'on se dispute sur la une des magasines, mon corps qu'on se déchire sur les podiums. alors profites!


les voyages !


non, et je ne m'y intéresse encore pas vraiment...


affalé devant ma télé, avec un paquet de chips entre les mains.


quelques années.


new york.


il m'arrive d'avoir quelques minutes de retard.


je récupère, m'allonge ou dors.


ce qu'une personne normale ferait.


je préfère au grand maximum rester en sous vêtement et ne pas avoir à les enlever.


pour moi, le mannequinat ce n'est que passager.


oui, dans une petite agence.


je mange un peu de tout, en essayant de ne pas trop faire craquer la balance.