“TAKE ME AWAAAAAY, A SECRET PLAAAAACE, A SWEEEEET ESCAPE. TAKE ME AWAAAAY, TAKE ME AWAAAAY TO BETTER DAAAAAYS, TAKE ME AWAAAAY.” Armé de sa spatule, Artemis se déhanche dans la cuisine, dérapant sur le carrelage, le tout surveillant du coin de l'oeil la crêpe qui cuit, profitant du calme de l'appartement puisque Eve et Pippa sont toutes deux de sortie, le laissant seul aux commandes pour le repas qu'il maintient chaque semaine avec sa soeur. Evidemment, ne pouvant chasser à chaque fois ses colocataires de l'appartement, ils ont tendance à alterner qui reçoit, qui cuisine ou se donnent rendez-vous dans un restaurant si aucun d'eux ne se sent de cuisiner, ce qui est rare mais peut arriver. Enfin, Gaïa ne devrait plus tarder et il ne reste plus qu'une dizaine de minutes pour avoir un tas de crêpes suffisant à satisfaire sa gourmandise, mais en attendant... “I GOT A POCKET, GOT A POCKET FULL OF SUNSHINE. I GOT A LOVE AND I KNOW THAT IT'S ALL MINE, OHHHH.” Bon peut-être qu'il n'y est pas allé de main morte avec la constitution du brunch mais, manquant de sommeil et voulant décompresser, il a un peu perdu le fil avant de se rendre compte qu'il en avait fait trop pour deux personnes. Enfin ce n'est pas non plus comme si les gaufres et crêpes et compagnie étaient perdues. Maintenant, si seulement il s'était souvenu de bien refermer la porte d'entrée...

Le brunch des Bloxham, c’est quelque chose de sacré. Il pourrait y avoir une guerre nucléaire qu’il serait hors de question de l’annuler. C’était sans hésiter le moment préféré de Gaïa au sein de sa semaine d’accro du boulot. Avoir un emploi du temps de ministre, disait l’expression. Elle était certaine de bosser plus qu’un ministre, qui était entouré de conseillers pour réfléchir pour lui. Gaïa était toute seule, et elle se débrouillait très bien. Le brunch avec son frère, cela lui permettait de mettre une pause dans sa semaine, et de simplement profiter de leur complicité fraternelle. Il était peut-être un de ses mannequins, et par conséquent ils se voyaient assez souvent, mais l’ambiance n’était pas la même au boulot que pendant l’un de ces moment-là. Rien qu’en arrivant dans le couloir menant à l’appartement d’Artemis, le changement était flagrant. Elle étouffa un rire en entendant son petit frère chanter à plein poumon. Cet imbécile avait laissé la porte entrouverte, lui permettant de se faufiler chez lui sans soucis. Elle resta un moment à le regarder s’éclater, les bras croisés, s’empêchant difficilement de rire. Elle finit par claquer la porte d’un coup de pied, le coupant dans sa chanson. « Eh bien p’tit frère, si jamais tu rates ta carrière de mannequin, tu pourras toujours te reconvertir dans la chanson. » Elle lui fit un grand sourire, plaisantant allégrement. Il ne risquait pas de rater sa carrière. « Heureusement, je ne suis pas une sœur tyrannique et je n’ai pas pris de vidéos. Sinon, elles auraient fini entre les mains de Pippa. Et sur le net. » Elle lui fit un sourire un peu effrayant, avant d’éclater de rire. Elle alla poser un baiser sur sa joue, louchant sur ce qu’il cuisinait. « Oh des crêpes ! Mais dis-moi, on attend le reste de l’agence pour manger c’est ça ? » Elle éclata de rire, se sentant terriblement bien en présence de son frère. « J’espère pour toi qu’il y a du Nutella dans un de tes placards, car sinon je te renie de la famille. »

La porte claque brutalement et tout arrive très vite, Artemis qui est en train de faire sauter la dernière crêpe, glisse sur le carrelage, s'étale lamentablement sur le sol alors que la poêle à crêpe tombe avec un fracas retentissant un peu plus loin et lorsque la crêpe redescend, il se la prend en plein visage. Le tableau parfait. Artemis, sex symbol depuis 2012, le tout sous les moqueries de sa soeur. Il attrape la dite crêpe avant de la déchirer pour la manger, le tout toujours allongé sur le sol, souhaitant mourir de honte et aussi afin de prétendre que Gaïa n'a pas pu possiblement entendre le petit cri qu'il a laissé échappé en glissant. Dieu merci, il s'agit de sa soeur et avec bien des années sous la ceinture, lui aussi a quantité de dossiers sur elle, suffisamment pour faire taire toute idée de rébellion. La crêpe finie, il s'assied, levant le regard jusqu'à sa soeur qui le toise. « Je te manquerais trop si je devenais une rockstar alors pour toi, je vais me détourner de mon destin et me contenter d'être un mannequin. J'espère que tu apprécies mon sacrifice. » A l'annonce des vidéos finissant entre les mains de Pippa, Artemis se met à rire, si seulement sa soeur savait que Pippa avait des vidéos bien plus compromettantes de lui... cependant comme il savait qu'il leur arrivait de comploter derrière son dos, il n'a aucune intention de lui apprendre un secret qu'elle ignore. « Et tu partagerais ce cadeau des cieux avec le monde entier. Vraiment, tu fais bien. Je risquerais de devoir repousser à tour de bras les fans qui souhaiteraient se jeter sur moi pour m'arracher tous mes vêtements. » Il se relève enfin, grimace légèrement parce qu'il ne s'est pas raté en chutant mais fort heureusement, la seule chose qui a vraiment pris cher, c'est sa fierté... comme d'habitude. Artemis roule les yeux lorsque sa grande soeur tente de lui faire peur avant de la regarder avec affection en voyant qu'elle-même ne parvient pas à garder son sérieux. Le sourire monte jusqu'aux yeux lorsqu'elle vient l'embrasser sur la joue pour le saluer, sous prétexte de venir voir ce qu'il fabrique. « Oh des crêpes ! Mais dis-moi, on attend le reste de l’agence pour manger c’est ça ? » Il pousse légèrement son épaule avant d'aller chercher la poêle qu'il dépose dans l'évier, remettant la vaisselle à plus tard. « Juste toi, je connais ton appétit insatiable. Je me suis dit que c'était ça ou mon stash secret de Twizzlers alors bon. En gentil petit frère, j'ai décidé de ne pas te laisser mourir de faim. » Le bonheur de la voir dans un cadre autre que celui du travail est clair dans sa voix alors qu'il s'active autour de la cuisine, ramassant les derniers plats pour les déposer sur la table. « J’espère pour toi qu’il y a du Nutella dans un de tes placards, car sinon je te renie de la famille. » Quelle question. Pippa a beau vivre avec deux mannequins, ils sont aussi des êtres humains. « J'ai bien peur que tu doives me considérer ton frère pour un peu plus longtemps. Le nut est en haut à droite. Derrière les poptarts. » Leur placard à cochonneries/junk food en gros. « Tu veux boire quoi? Café? Thé? Jus de fruit? »

Les sourcils de Gaïa se haussent lorsqu’un cri relativement aigu retentit dans l’appartement. Il lui faut un moment pour comprendre que ce cri provient de son frère, qui est présentement affalé sur le sol, une crêpe sur la tête. Un fou-rire incontrôlable s’empare d’elle, lui donnant mal aux abdominaux et la forçant à s’appuyer contre le mur. Parfois, elle se demande comme elle a pu vivre avec cet imbécile heureux pendant vingt-et-un ans sans mourir de rire – ou le tuer lui d’ailleurs. Elle se mord la lèvre inférieure pour ne pas rire plus lorsqu’elle engage enfin une réelle conversation avec lui et s’approche pour le saluer. « Je te manquerais trop si je devenais une rockstar alors pour toi, je vais me détourner de mon destin et me contenter d'être un mannequin. J'espère que tu apprécies mon sacrifice. » Elle lève les yeux en l’entendant parler de son sacrifice et le regarde d’une manière tendre typiquement fraternelle, les bras croisés sur sa poitrine, une moue amusée au visage. « Oh, mais quelle gentillesse de ta part. » Son ventre la rappelle à l’ordre lorsque l’odeur des crêpes arrive à son nez, et la pile qui se dresse devant elle la fait se moquer de son frère. Elle lui tira la langue suite à sa répartie, comme une gamine de trois ans. Mais avec lui, elle a toujours l’impression d’être une gamine, et cela lui fait le plus grand bien. « J'ai bien peur que tu doives me considérer ton frère pour un peu plus longtemps. Le nut est en haut à droite. Derrière les poptarts. » « Quel dommage, moi qui pensait pouvoir me débarrasser de toi. » Elle ouvre le placard pour récupérer le pot, répondant distraitement à sa question. « Un thé s’teuplait, i’m british. » Elle fronce les sourcils en constatant toutes les cochonneries présentes dans ce placard et se tourne vers son frère, le regardant suspicieusement. « Dis-moi, monsieur le mannequin, j’espère que tu ne te gaves pas de sucreries. » Elle plisse les yeux, comme elle le fait à chaque fois qu’elle veut savoir s’il lui ment ou pas. « Si tu prends un seul kilo mon cher petit frère, je m’arrange pour que Pippa et Eve te fassent suivre un régime drastique. Du genre, tu bouffes rien et quand tu te sens sur le point de tomber, tu manges un morceau de gruyère. Comme cette meuf dans le Diable s’habille en Prada. »

« Dis-moi, monsieur le mannequin, j’espère que tu ne te gaves pas de sucreries. (...) Si tu prends un seul kilo mon cher petit frère, je m’arrange pour que Pippa et Eve te fassent suivre un régime drastique. Du genre, tu bouffes rien et quand tu te sens sur le point de tomber, tu manges un morceau de gruyère. Comme cette meuf dans le Diable s’habille en Prada. »
Artemis se fige un instant, en pleine préparation du thé, à l'anglaise s'il vous plait, lorsque Gaïa mentionne bien évidemment le contenu du placard à saloperies. Quelques secondes d'une terreur glacée qui lui enserre le coeur suivent, se répercutant jusque dans sa posture un peu trop rigide avant qu'il ne prenne une bonne inspiration, remerciant le ciel qu'il lui tourne actuellement le dos, sans quoi elle aurait vu à quel point sa réflexion, sa taquinerie, avait fait mouche. Pire, l'avait blessé, frappant en plein dans ses insécurités. Ses oreilles bourdonnent, les jointures de ses doigts blanchissent alors qu'il agrippe le rebord du marbre trop fort et il songe à Camillia, à genoux, embrassant la cuvette de porcelaine comme si elle pouvait y trouver son salut. Et soudainement, avec le coeur au bord des lèvres, il n'a plus faim.
« Evidemment que non. », il souffle avant de se racler la gorge. Réunissant son engouement habituel alors qu'il desserre sa prise, se tournant vers sa soeur, cherchant dans ses pensées pour un sujet familier, un qui lui permettrait de sourire franchement, il finit par retomber dans un territoire rassurant:  Pippa et son instagram qui est aux trois quarts constitués de photos de nourriture et s'accrochant à cette image comme à une bouée de sauvetage, il croise les bras, forçant ses muscles à se décontracter, à abandonner leur fight or flight réponse, sachant que le sourire qui se glisse sur ses lèvres est sincère et que tout au plus, sa soeur risque de le soupçonner de ne pas suivre si strictement le régime imposé, rien de plus. « Depuis le temps, tu devrais savoir que la plupart de ces cochonneries appartient à mes colocs. Et si tu espères les rallier à ta cause, tu devras savoir qu'au contraire, elles ne cessent de me pousser à abandonner mon régime donc j'ai bien peur que tu ne puisses compter sur leur appui. » Puis il s'active de nouveau, sortant mugs, crémier, et compagnie, alors qu'il attend que la théière siffle.« Emily, tu veux dire? Je comprends pas comment tu peux oublier à chaque fois son nom. C'est un des meilleurs personnages du film. Anglaise indigne, va. »

A son aise, Gaïa s’occupe de sortir de quoi garnir les crêpes, fouillant allégrement dans les placards. Elle est dans la cuisine après tout, c’est pas comme si elle risquait de tomber sur des trucs gênants. Sinon, elle se poserait vraiment des questions. Elle se fait la réflexion que son frère est un peu long à répondre à sa taquinerie, mais elle ne s’en formalise pas. De toute manière, il est un peu dans son monde des fois, comme si il de déconnectait de la réalité. Parfois, Gaïa a même besoin de claquer des doigts devant ses yeux pour le réveiller. Elle se demande sincèrement à quoi il pense. « Depuis le temps, tu devrais savoir que la plupart de ces cochonneries appartient à mes colocs. Et si tu espères les rallier à ta cause, tu devras savoir qu'au contraire, elles ne cessent de me pousser à abandonner mon régime donc j'ai bien peur que tu ne puisses compter sur leur appui. » Elle lève les yeux au ciel en entendant sa réplique, dépitée que son frère ait des colocataires aussi peu à cheval sur le régime des mannequins. Elle ne veut pas que son frère devienne anorexique, loin de là, mais elle connait les standards du métier alors elle ne veut pas qu’on lui ferme des portes car il mange un peu trop de cochonneries. « Je vais leur dire deux mots moi, tu vas voir. Je sais me montrer persuasive quand je veux, tu devrais le savoir. » Elle lui fait un sourire carnassier, un pot de confiture dans la main. Elle le pose sur la table au milieu du reste des ingrédients et plats, jaugeant ce qu’il manque. « Emily, tu veux dire? Je comprends pas comment tu peux oublier à chaque fois son nom. C'est un des meilleurs personnages du film. Anglaise indigne, va. » « Ah oui c’est ça, Emily. Je retiens jamais les noms des personnages, mais je connais les répliques. » C’est assez idiot oui, mais bon. Ça ne veut simplement pas rentrer. S’asseyant finalement à table, elle regarde son frère continuer de s’activer. « Allez le serveur, on se dépêche un peu là, ta boss a faim ! » Elle se met à taper la mesure avec ses doigts, rien que pour l’énerver. C’est toujours une petite plaisanterie de lui rappeler qu’elle est hiérarchiquement supérieure à lui, car au fond, elle n’est pas le genre de femmes à se vanter ainsi. Surtout pas auprès de son frère. « Alors, comment ça se fait que tes colocs soient pas là ? Tu les as viré de l’appart’ pour accueillir ta grande sœur chérie ? »

« Je vais leur dire deux mots moi, tu vas voir. Je sais me montrer persuasive quand je veux, tu devrais le savoir. » Esquissant un sourire amusé, il observe sa soeur, comme s'il jugeait sérieusement ses chances face à Pippa et Eve avant de se retourner, entendant le sifflet de la théière pour la sortir du feu et éteindre ce dernier par la même occasion. « Tu m'excuseras mais en ce qui concerne la bouffe... Autant Eve pourrait t'écouter, enfin en tout cas prétendre de t'écouter, tenir deux semaines avant de retomber amoureuse de ses burgers mais autant Pippa... Pippa, c'est peine perdue. T'as vu son instagram? Y'a quasiment que ça dessus. » Le pire c'est qu'il n'exagère qu'à peine... il doit bien y avoir 95% de photos de nourriture en tout genre sur son insta. « Ah oui c’est ça, Emily. Je retiens jamais les noms des personnages, mais je connais les répliques. (...) Allez le serveur, on se dépêche un peu là, ta boss a faim ! » Artemis lève les yeux au ciel mais s'exécute, finissant les derniers préparatifs, pressant légèrement son index contre la joue de sa soeur avant d'aller s'asseoir à son tour, lui servant son thé ô combien désiré. Qu'elle lui jette son rang supérieur à la figure est chose ordinaire entre eux et à vrai dire, plus une formalité qu'autre chose puisqu'il n'en fait véritablement qu'à sa tête lorsqu'il s'agit de prendre des décisions... Il n'y a qu'à voir la fameuse soirée organisée par Vogue Paris où il a osé arriver en kilt par exemple.« Alors, comment ça se fait que tes colocs soient pas là ? Tu les as viré de l’appart’ pour accueillir ta grande sœur chérie ? » Buvant une gorgée de son thé, il lève un sourcil franchement interloqué dans sa direction, avant de lui faire signe de se servir la première. « Comme si. Non je crois qu'elles sont allées à un spa ou quelque chose du genre. Bizarrement tout frais payé par un mystérieux bienfaiteur. Le hasard fait si bien les choses, tu ne trouves pas ? » Il ne peut s'empêcher de lui adresser un clin d'oeil avant de se servir à son tour, sentant de nouveau son estomac se rebeller mais il n'a pas vraiment le choix s'il ne veut pas subir une remarque de la part de sa soeur. Cependant, il peut s'en tirer s'il réussit à détourner son attention de lui alors autant y aller franco... « Alors, quoi de beau, sis'? »

Manger, enfin. Gaïa a faim, et Artemis prend trop de temps à tout installer. Surtout que la délicieuse odeur la tente outrageusement. Elle l’écoute blablater sur Pippa et Eve à propos de leur amour pour la nourriture et elle rigole largement, approuvant tout à fait les propos de son frère. « Ouais, c’est pas faux. T’as de la chance alors. » Elle lui fait un clin d’œil, le remerciant pour le thé de façon distraite. Cela fait du bien de parler sa langue maternelle, en réalité. Elle adore le français, mais l’anglais reste sa langue préférée. Celle avec laquelle elle a absolument tout apprit. « Comme si. Non je crois qu'elles sont allées à un spa ou quelque chose du genre. Bizarrement tout frais payé par un mystérieux bienfaiteur. Le hasard fait si bien les choses, tu ne trouves pas ? » Elle lève les yeux au ciel, se servant parmi la pile de crêpes. « Il les fait même très bien. » Elle le regarde un instant en secouant la tête doucement, riant silencieusement. Elle se concentre ensuite sur la quantité de Nutella qu’elle va appliquer sur sa crêpe, réfléchissant quoi répondre à sa question. « Alors, quoi de beau, sis'? » « Eh bien, une de mes collègues est tombée malade – ou a eu un accident, en fait je sais plus – du coup je me suis retrouvée en charge du défilé Esprit. Ça a été la vraie galère vu qu’il manquait des mannequins, alors Eric est venu me voir et j’ai galéré pour tout arranger. » Passer rapidement sur Eric, ça c’est un bon plan. « J’ai rencontré une amie à toi aussi, Soohyun. On s’est retrouvé bloqué ensemble dans le parc à cause de la pluie, du coup on a fait connaissance. » Elle se tait le temps de terminer sa crêpe, léchant le chocolat sur ses doigts.