Ils avaient bloqué l’accès au deuxième étage de la Tour Eiffel. Gaïa avait encore du mal à y croire, mais pourtant, c’était la réalité. En même temps, c’était un photoshoot pour Hermès qu’ils réalisaient. Cela ne devrait même pas l’étonner. Frissonnant quelque peu lorsqu’une bourrasque de vent la heurta, Gaïa empêcha de justesse des feuilles posées sur une petite table de s’envoler. Elle resserra les pans de sa veste autour d’elle, jetant un coup d’œil à sa mannequin. Serra ne semblait pas trop souffrir du froid, et tant mieux. Elle n’était pas la seule à faire des photos aujourd’hui, et une des autres mannequins était actuellement devant l’objectif. Serra n’était pas la mannequin la plus simple à comprendre et encadrer, mais Gaïa ne se faisait malgré tout pas marcher sur les pieds. « Hésite pas à me dire si t’as besoin d’une veste en plus, hors de question que tu tombes malade. » Gaïa était souvent comme une maman tigre avec ses mannequins. Elle était au petit soin, mais il ne fallait pas se foutre d’elle, ou elle montrerait les dents. « Petit rappel, le shoot est pour les nouveaux foulards que la marque sort. Donc, fais bien gaffe qu’on voit le produit, mais qu’il ne te cache pas le visage. » C’était des recommandations de base, mais Gaïa aimait bien les rappeler, pour être certaine que Serra ne les oublie pas momentanément. Même si la belle italienne était habituée à tout cela.

je suis presque au sommet de ma carrière, presque. c'est sans doute pour cela que le deuxième étage de la Tour Eiffel leur suffisait. je regarde la vue d'un œil distrait la pollution de Paris. un coup de photoshop et la ville semblera aussi belle que les américains le pensent du fond de leur Ohio natal et/ou avec leur cerveau dépourvu de toute matière grise. c'est Hermès, ça doit être beau, glamour, Paris doit être belle. même si la vérité n'est pas du tout celle que les gens ont imaginé. enfin, Hermès a tout de même privatisé un étage de la Tour Eiffel, histoire d'éviter qu'on se fasse prendre en photo par tous les bridés actuellement présents à Paris qui risquent de copier les nouveaux foulards avant même que les originaux ne soient mis en vente. des démons ces bridés. « Hésite pas à me dire si t’as besoin d’une veste en plus, hors de question que tu tombes malade. », dit-elle, juste avant que j'éternue à cause de ce putain de pollen. « t'as pas un médoc contre les allergies plutôt ? », je demande, au cas où. même si j'en doute un peu, même si Gaïa est prévoyante, mais ptêtre pas à ce point là. et puis elle en profite pour me rappeler des règles. non mais. « j'suis pas une novice, quand même. », je lance froidement. « comme si j'avais envie de cacher mon visage de toutes façons, ce serait tellement dommage. », je souffle. bon, va falloir que j'me mette au boulot. mais avant.. « est-ce que quelqu'un va m'apporter un verre d'eau un jour ou vous attendez que je meurs de déshydratation ? », merde alors.

Ce n’est pas que Serra est une mannequin difficile. Gaïa a dû faire face à plus diva et agaçante qu’elle. Désormais, elle sait comment gérer ce genre de comportement, et l’agacement qu’elle peut ressentir n’est presque pas visible. Elle prend soin d’elle, comme toujours, même si elle la sait plus autonomes que ses new faces. Elle lui accordera pas autant d’attention qu’à Louison, tout comme elle sait qu’Alesya est tout à fait capable de vivre plus d’une semaine sans elle – même si cela n’arrivera jamais. « t'as pas un médoc contre les allergies plutôt ? » « Non désolé, par contre j’ai des mouchoirs. » Elle fouilla un bref instant dans son sac avant de lui tendre un paquet, souriante. Elle a beau faire de son mieux pour que ses mannequins ne manquent de rien, elle ne peut pas non plus tout avoir. Sans surprise, Serra lui réplique assez froidement après qu’elle lui ait donné les recommandations de base, mais elle ne s’en formalise pas vraiment. C’est habituel. « est-ce que quelqu'un va m'apporter un verre d'eau un jour ou vous attendez que je meurs de déshydratation ? » Un des assistants lui lance un regard, et Gaïa lui sourit simplement, lui faisant signe d’aller chercher ce que Serra demande. Le pauvre, il doit sûrement être nouveau car il semble quelque peu apeuré. « Cesse donc de faire ton autoritaire Serra, tu n’es pas la reine d’Angleterre. » Son ton est ferme sans être méchant, et elle sourit mentalement en remarquant qu’elle a toujours le réflexe de faire référence à son pays d’origine. « Bon, ça va être ton tour. Tu as été personnellement demandé, alors même si le chef de projet est un vrai emmerdeur, je pense que tu sauras le calmer avec un peu de charme. » Elle lui fait un clin d’œil, contente d’être la bookeuse d’une fille comme elle. Elle est promis à un grand avenir, et Gaïa va l’aider dans cette voie-là.